La reprise du travail
Edité le 06/05/2020
Partager l'articleUn cheval qui n’a pas travaillé depuis longtemps doit reprendre son activité très progressivement pour ne pas se blesser. Voici quelques conseils pour une reprise en douceur.
Le contexte
Selon la raison de l’arrêt et ses conditions, la reprise ne sera pas forcément effectuée de la même façon. Ainsi, un cheval blessé qui a été arrêté au box strict pendant plusieurs semaines ne sera pas dans le même état physique qu’un cheval au pré suite par exemple aux vacances de son cavalier. Le premier aura perdu toute musculature et potentiellement emmagasiné une forte envie de se dégourdir les jambes, tandis que le second se sera entretenu un minimum et sera plus disponible pour reprendre le travail, mais parfois trop gras... Comme le précise Alix Crouin, cavalière en CCE pro: “Le cheval perd beaucoup plus vite sa condition physique et sa musculature qu’il ne la reprend. C’est pourquoi la progressivité est une notion essentielle dans la reprise du travail”.
Dans le cas d’une rééducation suite à une blessure, la première chose à faire est d’appliquer les recommandations du vétérinaire. Les conseils de cet article pourront être appliqués seulement une fois que le feu vert est donné pour la reprise d’activité du cheval.
Au-delà du travail en lui-même, pensez à adapter l’alimentation et le cas échéant la ferrure à la reprise d’activité. Comme chez l’humain, l’activité physique implique un apport calorique plus important qu’il convient d’anticiper.
La transition repos/travail
C’est le moment le plus délicat ! En effet, il faudra faire très attention aux explosions de joie qui peuvent être acrobatiques et donc source de blessure pour le cheval... Ou le cavalier !
Pour les chevaux ayant été enfermés au box, le retour au paddock doit être progressif, au départ dans un espace très réduit, qui sera agrandi petit à petit.
Pour ce qui est de la remise en route, encore une fois, la progressivité est de mise. Certains chevaux sont plus sages en main, d’autres seront plutôt calmes montés. Pour Fleur, Ambassadrice 2020 dont le cheval a été arrêté plusieurs fois pour des raisons de santé : “Reprendre quelques bases à pied est bénéficiable pour le cheval autant que pour le cavalier: Cela permet d’observer la locomotion de son cheval, mais aussi de reprendre contact avec lui et de remettre quelques codes. Les longues détentes au pas sont aussi un bon moyen de faire travailler de nombreux muscles en douceur”.
Le travail
Une fois votre équidé revenu dans des dispositions plus studieuses, le maitre mot sera la patience. Prendre son temps et être progressif est vraiment l’aspect le plus important de la reprise. Les séances seront donc très courtes et simples dans un premier temps, et il ne faudra pas hésiter à les espacer. Si vous ne savez pas par où commencer, n’hésitez pas à vous faire encadrer.
Quelques séances de longe pourront lui permettre de se remettre dans le travail sans le poids du cavalier, et s’il s’oriente correctement et a appris à travailler par ce biais, à remuscler son dos. Il peut être intéressant de conserver une séance de longe toutes les 2 ou 3 séances de travail, en pensant également à intercaler régulièrement des jours de repos au cheval.
Une fois monté, les premières séances s’apparenteront plutôt à des détentes, de moins de 30 minutes, et en allongeant la durée au fur et à mesure de l'avancement dans le travail. Pour éviter les courbatures et contractures, il faudra améliorer la souplesse : Transitions et incurvation pourront vous y aider.
Les balades au pas – courtes au départ puis de plus en plus longues, pouvant inclure du dénivelé - sont un excellent moyen de faire travailler le cardio. Une fois les bases récupérées, les trottings sont ensuite profitables pour revenir sérieusement au travail.
Le repos et la récupération
Ce n’est pas parce qu’on se remet à travailler qu’il faut oublier de se reposer. Au contraire, de la réussite de la reprise dépendra le temps de repos accordé au cheval pour se remettre, progressivement, dans un rythme de travail régulier.
Laisser des jours sans travail et avec une sortie au paddock ou au pré, une courte balade au pas, éventuellement en main, sera forcément bénéficiable : Pour rappel, les courbatures sont bien plus longues à faire disparaitre quand on reste immobile. Les déplacements légers seront donc garants d’une meilleure récupération et par conséquent d’une meilleure disponibilité au travail.
C’est aussi le bon moment pour envisager des massages équins (techniques manuelles, mobilisations tissulaires et articulaires), des étirements (stretching) ou l’utilisation d’algues (soins type thalassothérapie). Emilie, masseur équin, peut en témoigner: “Cela permet d'améliorer la récupération, d'aider à la reprise sportive ou à la préparation d'une échéance. Cela peut aussi l'accompagner après un traumatisme afin d'aider le cheval à retrouver ses capacités ou tout simplement à apporter du confort physique, mental et du bien-être. Chaque muscle a son action, sa fonction, son importance. Il est important de pouvoir les travailler, les mobiliser au maximum afin d'apporter le plus de liberté, de souplesse, de confort et bien être à votre athlète. Des muscles souples et décontractés permettront à votre compagnon de pourvoir exprimer tous son potentiel. Un cheval bien dans son corps et dans sa tête, est un cheval qui a toutes ses chances de performer !”.
Quoiqu’il en soit, prendre son temps, écouter son cheval et s’y adapter est vraiment le plus important. Chacun est différent, si le vôtre est très à l’aise en balade et anxieux en carrière, privilégiez le calme, et vice versa. Comme le dit Fleur, “la reprise après un arrêt prolongé est aussi une opportunité : Celle de ne pas retomber dans les mauvaises habitudes, pour le cheval... Mais aussi et surtout pour le cavalier ! Une nouvelle page s’écrit, et permet de faire un bilan de ses qualités, ses défauts, et d’y travailler un peu plus en sortant de la routine et en réfléchissant à des exercices particulièrement adaptés”.
Edité le 06/05/2020
Partager l'article