L'actu de Maxime Livio
Edité le 19/05/2020
Partager l'articleA la sortie du confinement lié à l'épidémie de Coronavirus, Maxime Livio a gentiment répondu à nos questions et à celles des membres de notre communauté pour nous parler de son quotidien.
Bonjour Maxime, comment vas-tu, en cette période si particulière?
Ca va plutôt pas mal, nous sommes très chanceux puisque nous vivons avec nos chevaux et que nous n’avons quasiment rien changé à nos vies à part que l’équipe est réduite puisque je n’ai gardé que les gens qui habitent sur place et qui sont restés confinés chez eux. On était suffisamment pour bien travailler les chevaux. Au niveau équestre je me rends compte que ça faisait très longtemps que je n’avais pas travaillé mes chevaux sans pression (du concours, de l’entrainement, de la performance) et c’est assez agréable de s’adapter à leur rythme sans s’obliger à passer certaines étapes un peu rapidement ou de gagner un peu de temps sur certaines choses. J’essaye de trouver le positif à tout ça, et il y en a pas mal ! J’ai aussi pu passer du temps avec Marcel, mon fils. Ca n’a pas été une période négative pour nous. Si on pouvait juste rajouter des concours ça serait parfait.
Comment le confinement a-t-il modifié l’organisation de ton écurie ?
Au niveau de la formation, nos élèves ne sont pas en internat mais domiciliés aux écuries. Ils (ou leurs parents pour les mineurs) ont donc eu le choix de se confiner ici ou chez eux, et tous ont préféré rester. Nous étions donc assez nombreux sur place, mais nous avons tout fait pour respecter les consignes liées au confinement, par exemple une seule personne allait chercher les courses en drive pour tout le monde, afin de limiter les contacts et les sorties. Ca a permis aussi de faire un vrai boulot de fond avec les élèves et leurs chevaux, on a pas mal avancé, je n’aurais jamais pu consacrer autant de temps aux élèves si la saison s’était déroulée normalement.
Qu’en est-il de tes projets pour 2020 ?
J’avais prévu de faire les deux 5* de début de saison, qui ont été annulés. J’ai pris le parti avec mes propriétaires, mes partenaires et mes élèves de ne pas se prendre la tête avec ces questions là pour le moment parce qu’on n’a pas d’éléments pour y répondre. On aura une possible reprise des concours nationaux au mois d’août mais d’ici là il peut se passer encore plein de choses. Je suis quand même parti dans cette optique, parce que c’est important de programmer les chevaux, ça nous laisse 2 mois et demi de préparation. Certains chevaux ne sautent plus et restent en stand-by, d’autres vont surtout en trotting, d’autres travaillent en dressage… Mais on a le temps, je me réorganiserai dès que nous aurons un programme de concours concret qui me permettra de fixer de nouveaux objectifs sur les 3 ou 4 mois de concours restants en 2020. Pour la suite, il y a beaucoup de questions en suspens, est-ce que Pau, qui pourrait être un objectif pour certains de mes chevaux, sera maintenu ? Est-ce que les qualifs 2019 seront encore acquises en 2021 ? Faudra-t-il requalifier certains chevaux ? Est-ce que mes élèves cadets, juniors, ont « perdu » une année dans leur catégorie ? Se poser ces questions-là actuellement est une source de pression inutile pour le moment, puisque nous n’aurons les réponses que plus tard.
Comment s'organise le travail des chevaux pendant cette période particulière, étant donné que pour l'instant la compétition n’est pas au programme ?
C’est vraiment propre à chaque cheval. C’est un équilibre à trouver entre garder un entrainement suffisant qui permet de garder une belle musculature, une certaine concentration dans le mental, une condition physique, tout en ne dépassant pas
la mesure parce qu’un cheval ne peut pas tenir l’état de forme requis pour un concours pendant 3 ou 4 mois, ce serait trop difficile et causerait des problèmes. J’ai essayé de faire le point sur chacun de mes chevaux : Pour ceux qui étaient en avance dans une discipline, j’ai pu mettre cette dernière entre parenthèses pour me concentrer plutôt sur ce qui était un peu plus négatif. Pour un cheval un peu en retard en dressage par exemple, j’ai commencé par dérouler la reprise qu’il aurait dû dérouler en concours au début du confinement, et j’ai isolé les éléments techniques à travailler, et par la suite j’ai organisé ma semaine en fonction. Pour un cheval qui aurait des problèmes à régler dans les changements de pied, j’ai d’abord prévu 2 jours d’exercices préparatoires à ce mouvement, 1 jour de travail sur les changements de pied à proprement parler, et une fois qu’ils sont acquis environ 4 fois sur 5, je passe au mouvement suivant. Cela m’a permis de gommer parfois 4, 5 ou même 6 mouvements qui n’étaient pas aussi bien que je l’aurais souhaité au début du confinement. D’ici 15 jours je vais de nouveau dérouler pour vérifier su j’ai réglé mes problèmes, et si c’est le cas je pourrai recommencer à enchainer mes reprises pour les rendre plus fluides, plus précises. S’il reste des mouvements à améliorer, j’y reviendrai. Le principe est le même dans les 2 autres disciplines : Si sur un parcours un cheval a tendance à sauter les combinaisons un peu avant je vais utiliser la gymnastique, les barres en V ou à 3 mètres pour améliorer ce point. J’ai aussi pu tester des réglages de détente, de matériel ou d’embouchures. Pour ceux qui étaient vraiment calés, j’ai mis de côté le travail à l’obstacle en le réduisant à des petits cavalettis pour les amuser, ce qui permet d’économiser leurs jambes pendant cette période là. Enfin, le cross est la discipline la plus « compliquée » à travailler puisque les chevaux apprennent en allant sur des terrains différents. Sur place, j’ai accès à différents type
s d’obstacles ce qui m’a permis de routiner ceux qui en avaient besoin sur les éléments disponibles à la maison (buttes, directionnels…). J’ai aussi et surtout passé du temps à endurcir certains chevaux avec des trottings divers, sur terrain plat ou varié, à la manière d’un footing pour nous donc très progressivement.
Est-ce que tu as suivi une préparation physique particulière pendant le confinement?
Monter 8 à 12 chevaux par jour est une préparation qui se suffit à elle-même, en plus de ça nous avons avancé sur pas mal de travaux que nous avons réalisés nous même aux écuries et qui ont donc contribué à maintenir une forme physique. Désormais j’attends d’avoir une date précise de reprise des concours pour aller plus loin : Comme je suis grand, je reprendrai un régime dans le mois précédent pour ne pas être trop lourd, et je spécifierai également mon entrainement avec des séances sans étriers. J’en fais régulièrement, un peu moins ces derniers temps mais je recommencerai à monter un cheval sur deux sans étriers, ça représente 4 à 5 chevaux par jour pendant un mois, ça finit de bien préparer le corps.
Que penses-tu du report des Jeux Olympiques en 2021 ?
Clairement, et peut être égoïstement, pour moi c’est un avantage. J’ai 2 chevaux qualifiés et susceptibles de rejoindre l’équipe de France, et ces 2 chevaux manquent un peu de réglages. Vegas est sans faute sur 4* long plusieurs fois, mais en dressage j’avais encore plusieurs petits soucis techniques que j’ai travaillés ces derniers temps et qui se sont donc améliorés. Api a un niveau que j’ai rarement vu, car il est très bon sur les 3 tests, mais comme je l’ai récupéré il y a 8 mois environ, la saison a été très vite l’an dernier : J’ai fait un 3* et rapidement il est arrivé sur 4* long, ça a été très vite pour lui et ça fait beaucoup de choses à digérer, techniquement et dans l’expérience. Le fait d’avoir du temps pour confirmer et améliorer ses points forts est un avantage. Pour ces 2 chevaux, s’il y a un peu de concours en fin de saison cela me permettra de confirmer le travail effectué, et donc de pouvoir compter non pas sur 2 chevaux qui manquent un peu d’expérience, de technique et de dressage pour les JO, mais sur des chevaux qui ont pris un an de plus, et qui seraient nettement plus performants que cette année.
Après je me mets à la place de certains cavaliers qui ont des chevaux d’âge, comme par exemple Thibaut Vallette ; Quing du Briot est une assurance vie qui a prouvé de nombreuses fois qu’on pouvait compter sur lui, et Thibaut saura gérer au mieux la santé et le travail de son cheval, mais 1 an de plus reste 1 an de plus. Avoir un piquet de chevaux d’âge et prêts en 2020 n’est pas la situation la plus confortable.
De toute façon, le report était la seule possibilité pour y aller dans des conditions sereines, nous permettant de se concentrer sur le sport, et de faire des Jeux la fête mondiale que c’est censé être : Faire des JO à huis clos serait dramatique.
Merci à Muriel, Fanny, Coraline, Elodie, Emilie et les autres pour leurs questions. Cette interview s'est poursuivie sur des thèmes plus généraux que vous pourrez retrouver dans la deuxième partie disponible ici.
Edité le 19/05/2020
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